vendredi 15 mai 2015

Toulouse expérimente le suivi dans l'après cancer

Le professeur Guy Laurent expérimente un dispositif de suivi de patients après le traitement de leur cancer. Il a ainsi permis d'identifier des souffrances souvent ignorées.
Qui se soucie des patients après le traitement de leur cancer ? Leur oncologue ? Oui, deux à trois fois par an, au cours d'une consultation -parfois expéditive- d'où le patient repart avec une ordonnance pour le prochain scanner. Le médecin traitant ? Oui aussi, mais le généraliste n'est pas toujours bien armé pour répondre aux difficultés psychologiques ou aux conséquences d'un traitement par chimiothérapie pourtant terminé. «On ne s'intéresse pas assez aux séquelles des traitements, aux maladies associées, à l'anxiété, la dépression… Il faut un modèle partagé », constate le professeur Guy Laurent de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse Oncopole.
Précurseur avec l'expérience AMA (Assistance des malades en ambulatoire, 1 700 patients suivis depuis 2006), l'onco-hématologue a lancé AMA AC (Assistance des malades en ambulatoire après cancer) en 2012 en s'appuyant sur les infirmières de coordination et sur 178 médecins généralistes. Ces derniers se chargent de la partie somatique avec une grille d'évaluation (état général, fatigue, douleurs…) et l'infirmière recense les événements psychosociaux. L'oncologue, qui peut intervenir à la demande, analyse toutes ces données et peut alerter le généraliste ou lui suggérer de faire intervenir un spécialiste.
«L'après cancer concerne 2,5 millions de personnes en France. Cette démographie est galopante parce que les taux de guérison augmentent. Ces patients vont-ils bien ? La réponse est clairement non » poursuit le médecin.

«Ne pas lâcher les malades »

Les premiers résultats de l'expérience, sur 115 patients traités par chimiothérapie pour un lymphome agressif, mettent en avant une qualité de vie détériorée dans 20 % des cas : séquelles des traitements (neuropathie 24,4 %, douleurs articulaires 64,3 %), complications cardiovasculaires (13,9 %), fatigue chronique (20 %), troubles d'anxiété (20 %), dépression (10 %), syndrome de stress post-traumatique (20 %).
«Nous ne devons pas lâcher les malades. Il faut très vite détecter ce qui pose problème, dès la fin du traitement. AMA AC est un dispositif coûteux en temps mais la démarche est performante, plébiscitée par les patients. Le système se base sur un transfert de compétences qui nous est aussi reproché… Mais on ne peut pas demander à un oncologue d'être à la fois disponible, au top pour les consultations d'annonce et le choix des traitements, et en même temps de suivre des patients guéris depuis dix ans. Dans notre étude, seulement 6 % des patients ont exigé de revoir l'oncologue », souligne Guy Laurent.
AMA AC, financée jusqu'en 2017, constitue un des volets du programme de recherche Captor (10 millions d'€). Elle a inspiré l'équipe d'onco-hématologie de Catherine Thieblemont qui va démarrer un programme similaire à l'hôpital Saint Louis (Paris).
http://www.ladepeche.fr/article/2015/05/15/2105027-toulouse-experimente-le-suivi-dans-l-apres-cancer.html

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